Le coq et le fermier
Un bon fermier,un matin inspiré
S’en alla faire son marché.
Et prêt d’un stand de volaille affrété
Par un coq fut interpellé:
» Mon bon et brave maitre, voyez comme je suis en pitié,
Comme je suis maltraité, et de peu sustenté.
Si, avec moi vous repartez,
De votre basse-cour,aurez fierté »
Et voilà notre bon fermier tenté,
Retournant chez lui le coq cher payé.
Aussitôt dans la cour lâché,
Le coq se prit à chanter
Et toute volaille émerveillée
Se mît à danser.
» Vous voilà heureux mon bon maître
Il est temps pour moi de me repaître,
De quelques graines me sustenter
Pour demain mieux chanter »
Et, tous les jours,
N’écoutant que son amour,
Le bon fermier ébloui,
De sa main, son coq, nourrit.
Mais le coq avait un ego
C’était bien là son pire défaut
A chaque jour il demanda plus qu’il ne faut
Au point de mettre notre fermier en port-a-faux
« Je ne peux point tant t’en donner
Car les autres je vais priver »
« Puisqu’il est ainsi » rétorqua le paltoquet
« Des chants je vais vous priver »
Et le coq s’en fût, l’air révolté
Pour tenter de faire plier notre fermier.
Or le stratagème point ne fonctionna
Et, offusqué, dans la colère le coq entra.
De sa belle voix la cour enroba,
De ses frasques les poules harangua,
Tant est si bien que ses cris si puissants
Envahirent tout environnant.
Chantant, hurlant, criant
Des jours et des jours durant
Il en perdit tout appétit
Au détriment de sa salive pervertie.
« Fermier, fermier, malhonnête que tu es
Tu m’a trompé, tu m’a trompé! »
Le fermier qui tout ces jours derrière sa fenêtre observait
Dans la cour vînt le rencontrer
« Maître coq, je vous l’avoue, je me suis fourvoyé
De trop de grain, je vous ai habitué
A tel point que vous n’arrivez plus à digérer
Et qu’à chaque chant, de bave, vous éructez.
Et bien! De tout ce gâchis ici éparpillé
Désormais vous vous nourrirez »
Et la faim vînt,
Point de grains,
Et pour le coq au menu,
Tous ces crachas répandus.
Moralité: A vouloir cracher à la main qui vous nourrit,
De vos glaviots vous ferez bel appétit !!!